Catherine Balet a revisité des photographies célèbres à l'aide d'un seul et même modèle, Ricardo Martinez Paz. Une exposition originale qui a lieu jusqu'au 29 octobre à la galerie Thierry Bigaignon.
L'artiste Catherine Balet nous livre un nouveau projet plus qu'original ; celui de mettre en scène son désormais acolyte Ricardo Martinez Paz à travers des clichés qui ont fait l'histoire de la photographie.
A la genèse de cette idée folle, un moment simple. C'est durant les rencontres photographiques à Arles en 2013 que l'artiste rencontre celui qui deviendra sa muse : Ricardo Martinez Paz. En simple visiteur, l'homme est attablé et porte ce jour là une marinière. C'est une révélation pour Catherine Balet : vêtu ainsi, l'homme ressemble comme deux gouttes d'eau à Picasso. Elle ne résiste pas à capturer cet instant qui sera la premier d'une longue série. Durant deux ans et demi, les deux acolytes retraceront des photographies historiques sur fond d'humour et d'élégance.
© Hommage à Robert DOISNEAU, Les Pains de Picasso, 1952
Un travail photographique d'orfèvre
Le fait de transvaser chaque modèle des photographies présentées par une seule et même personne renvoie une image assez déroutante. En effet, la reconstitution des lieux et des décors révèlent un véritable un travail d'orfèvre tant la ressemblance est prenante. Ricardo se fond quant à lui merveilleusement bien dans chaque mise en scène comme si ce shooting photo avant-gardiste lui était pré destiné.
© Hommage à Nan GOLDIN, Nan and Brian in bed, NYC, 1983
En plus d'une esthétique qui se dégage de chaque cliché, Catherine Balet a contrasté son ouvrage et cette exposition par l'ajout d'éléments plus kitsh. Le titre "Looking for the Masters in Ricardo's Golden Shoes" fait référence aux chaussures dorées appartenant à Ricardo. Celles-ci sont d'ailleurs placées sous verre au même titre qu'une oeuvre d'art. L'ouvrage est de couleur fushia sur lequel vient s'apposer le titre en caractères dorés. Un parti pris qui donne à ce projet toute son unicité.
Une exposition qui va au delà du simple hommage
L'approche anthropologique de Catherine Balet ne se résume pas qu'à un simple hommage rendu à ses pairs. L'artiste y mène une réflexion sociologique plus profonde sur le sens de la représentation de soi et le flux permanent d'images à l'ère du numérique. Les smartphones ont tendance à changer notre manière d'aborder la photographie, les usages se multiplient. La diffusion de l'image s'accélère et la notion de mémoire peine à trouver sa place. Faut-il tisser des liens avec le passé, symboliques et picturaux, pour entretenir notre mémoire collective ?
© Hommage à August SANDER, Jeunes paysans, 1914
Cette question, Catherine Balet se l'est également posée dans son précédent projet. Diplômée de l'Ecole des Beaux Arts de Paris, l'artiste a lancé la série de photographies "Strangers in the Light" en 2013. Elle s'est inspirée de certaines toiles de maîtres en les juxtaposant dans un décor actuel. La particularité de ce travail réside dans le fait que le clair obscur se voit remplacer par la lumière d'écrans de téléphones portables
Une nouvelle fois avec "Looking for the Masters in Ricardo's golden shoes", Catherine Balet soulève des problématiques historiques, artistiques et numériques au travers d'une exposition vibrante et percutante.
Une signature du livre aura lieu le samedi 24 septembre de 15h à 19h à la galerie Thierry Bigaignon en présence de l'artiste et de son modèle.
-- Looking for the Masters in Ricardo's golden shoes Jusqu'au 29 octobre Galerie Thierry Bigaignon 9 rue Charlot 75003 Paris