UNTITLED MAGAZINE
Cataract City est le nouveau livre du Canadien Craig Davidson, connu en France pour son recueil de nouvelles traduites sous le titre Un goût de rouille et d’os, et adaptées au cinéma par Jacques Audiard en 2011.
Pour ce roman, Craig Davidson a choisi comme décor Cataract City. Ville ouvrière située à la frontière entre le Canada et les États-Unis, rythmée par l’intensité du travail d’usine et le passage éphémère des touristes, Cataract City n’est autre que le surnom donné à Niagara Falls et ses merveilleuses chutes d’eau situées sur la rivière éponyme. Au cœur de cette nature bruyante et oppressante, les destins se croisent et les âmes se perdent. Owen et Duncan, a priori noués par d’inséparables liens d’amitié, sont confrontés aux violences inhérentes à leur ville natale. Étouffés par leur condition d’enfant de Cataract, les deux hommes doivent apprendre à effacer leur rêve d'enfant pour survivre.
Par le biais de chapitres alternés, où le lecteur suit l’évolution d’Owen, puis celle de Duncan, Craig Davidson insiste sur la violence des hommes et la force du destin qui les pousse à agir. On sent l’odeur du danger, on touche du doigt les forêts sombres et gigantesques. Les avenirs se déchirent et nourrissent Cataract. Les combats de box sans retenue, les courses de chiens truquées, un héros de jeunesse devenu ravisseur. Tout est violence au fil des mots, des pages, des années de vie que traversent les deux protagonistes. L’écriture est fluide, le rythme calqué sur les circonstances de la trame narrative.
Les mots de Davidson sont justes, les descriptions très crues. On se crispe lorsque les membres se rompent, quand les hommes se déchirent sous le poids de l’animosité. Plus de 400 pages d’une ville possessive, violente, provocatrice, d'une nature hostile et incontrôlable, où les lacs gelés vous font disparaitre. Où l’homme et l’animal ne font parfois qu’un. C’est aussi un livre sur la nostalgie des hommes, les rancoeurs et les tentatives de dépassement de la condition. Des sentiments que l'auteur rend perceptible en saupoudrant habilement son écriture d’une grande poésie. Un roman à l’image de la vie, entre ombre et lumière, certitude et déséquilibre.
