Le Palais de Tokyo et Tino Sehgal nous offrent, en cette fin d'automne, une expérience déconcertante où le visiteur est véritablement au centre de l'œuvre. Jusqu'au 20 février, venez appréhender l'art de l'intérieur !
Tino Sehgal (1976-) a une formation de chorégraphe. Sa pratique de l'art contemporain se modèle à partir de moments éphémères, de performances vécues et racontées. Il a participé à des expositions dont la matière principale est le corps. Corps dansé, vu ou éprouvé, corps de l'artiste observé ou corps du visiteur engagé. Ses actions artistiques se poursuivent par cette carte blanche qu'il présente au Palais de Tokyo. Elle prend sa source dans une matière aussi capricieuse que commune : nous.
Un espace revisité
Le visiteur accède aux salles par un immense rideau de perles scintillantes. Le Palais de Tokyo a pour usage d'être sectionné en plusieurs espaces donnant sur des expositions personnelles. Plusieurs environnements se toisent et nous y déambulons comme bon nous semble. Jonglant d'univers oniriques en lieux sarcastiques, les salles morcellent notre perception du monde. Avec cette carte blanche, le musée semble complètement dépouillé, nu de ce que l'on est habitué à voir. Prise au sens propre du terme, la carte du blanc a été jouée partout. Rien aux murs, seulement une immaculation qui laisse une impression quelque peu mystique. Des pièces que la lumière pénètre, que les corps occupent mais où l'art tel qu'on le connaît (peintures, sculptures, installations, dessins...) est absent.
Philippe Parreno, Annlee de Tino Sehgal, dessiné au Palais de Tokyo, 2013. Crayon sur papier
Une expérience au cœur de l'être
Justement, s'il n'y a rien au mur c'est qu'il faut regarder ailleurs et l'expérience qui est proposée est à l'intérieur de vous, à l'intérieur de nous. L'œuvre, c'est l'Homme. Première entrée, une fois passé le rideau enchanté, l'expérience commence par une simple question, par une simple interaction... Rarement éprouvée au musée, le véritable dialogue, le questionnement sur des thèmes philosophiques et sociologiques, la force de la pensée, mettent ici le spectateur à l'épreuve. Et c'est tant mieux ! Bousculé entre les questions de placement du corps, entre celles des tumultes de la voix, entre la proximité et les questions relatives au progrès, Tino Senghal engage de véritables bribes de relation.
Philippe Parreno, Annlee de Tino Sehgal, dessiné au Palais de Tokyo, 2013. Crayon sur papier
Alors certes, certains diront que payer pour aller faire la conversation est un petit peu exagéré, mais le propos est sommes toutes fascinant. Plus qu'une conversation c'est une réflexion qui s'engage, et l'art prend ici toute l'ampleur de sa contemporanéité, c'est la réflexion qui se fait esthétique et non plus la mimesis du monde.
-- Carte blanche à Tino Sehgal, jusqu'au 20 février 2017, Palais de Tokyo, 13 avenue du Président Wilson Plein tarif : 12€ / tarif réduit : 9€
Du 12 octobre au 18 décembre 2016, pendant la carte blanche à Tino Sehgal, les espaces d'expositions sont exceptionnellement ouverts de midi à 20 h (et non pas jusqu'à minuit), tous les jours sauf le mardi.