UNTITLED MAGAZINE
Jusqu'au 29 janvier, Brassaï s'expose à la galerie Photo du centre Pompidou. Une exposition où l'entrée est libre et où le pouvoir d'expression appartient aux murs. Une redécouverte intéressante du maître des graffitis.
Brassaï a photographié des centaines de murs que la main de l'homme avait ornés de dessins, de traces, de mots et d'idées. Cette voix souterraine qui s'immisçait dans les villes exprimait le plus simplement du monde les préoccupations des hommes. Les grandes questions, la politique, l'amour, la magie, la mort venaient trouver refuge dans le béton et dans la pierre. Brassaï a donné la parole à ceux qui laissaient leur trace dans l'environnement du quotidien. Graffitis vient ancrer le travail du photographe dans son temps et le pose en véritable précurseur du street art.
La ville comme terrain de jeu
"Les graffitis ne veulent rien dire de plus que ce qu'ils ne sont, mais ils sont beaucoup plus que ce qu'ils ne sont". Brassaï (1899-1984) est l'un des premiers photographes à sectionner la ville par la photographie. Elle devient livre d'images, lieu de discussion artistique et presque sociologique. Ces graffitis sont traités comme un inconscient, celui de la cité qui transpire des questions sociales immédiates. Sur plus de cinq cents tirages, seulement cent vingt sont connus et l'exposition en présente une centaine. Graffitis offre des documents inédits et remet en contexte les créations et études qui ont participé à poser un regard différent sur la représentation et l'expression des villes.
A gauche : Sans titre, de la série Graffiti [La magie], 1945-1955 © Estate Brassaï - RMN-Grand Palais © Centre Pompidou/Dist. RMN-GP/ Adam Rzepka - A droite : Sans titre, de la série Graffiti [L’amour] 1945-1955 © Estate Brassaï - RMN-Grand Palais © Centre Pompidou/Dist. RMN-GP/ Adam Rzepka 06.
Un travail aux échos artistiques modernes
Brassaï a travaillé non seulement sur les murs qu'il longeait, mais également en étroite collaboration avec les artistes les plus illustres de son temps : Picasso, Jean Dubuffet et Jacques Prévert. Avec Picasso, il travailla les formes trouvant des résonances entre les œuvres du peintres et la matière éclatante des rues. Brassaï reprend les pliages de papier aux formes presque brutes de l'artiste espagnol, y rapprochant ce qu'il a pu voir gravé sur les murs. Il inspire les collages de Jacques Prévert qui a, en plus de jouer avec les mots, travaillé les matières et l'esthétisme visuel. Jean Dubuffet voit dans les photographies urbaines, un souffle nouveau, une plastique des rues qui s'apposerait à celle de la nature.
Une exposition qui réactualise la pratique fameuse et incontournable de Brassaï, offrant des images inédites. Un panorama complet, un propos toujours aussi percutant qui permet de découvrir ou de redécouvrir les prémices du street art.
A gauche : Sans titre, de la série Graffiti [Le langage du mur], 1945-1955 © Estate Brassaï - RMN-Grand Palais © Centre Pompidou/Dist. RMN-GP/ Adam Rzepka - A droite : Sans titre, de la série Graffiti [L’amour] 1945-1955 © Estate Brassaï - RMN-Grand Palais © Centre Pompidou/Dist. RMN-GP/ Adam Rzepka
-- Grafittis, Brassaï Jusqu'au 29 janvier 2017 Centre Pompidou, 75191 Paris cedex 04 Entrée Libre
