Le palais Galliera puise dans ses collections pour nous offrir jusqu'au 23 octobre une vision étoffée de ce qu'est le vêtement. Plus qu'un assemblage de points et de tissus, il est un morceau d'histoire intime, témoin d'une page vécue. Anatomie d'une collection se lit comme une ode de seconde peau.
Robes de noces Mme Gachet, 1868 © Eric Poitevin
Une bribe tissée dans l'histoire
Le musée Galliera expose l'habit comme marque historique révélant mœurs et coutumes. Des costumes de Napoléon Bonaparte de velours de soie et robes en mousselines de sa femme, l'impératrice Joséphine aux bleus de travail du XXème siècle et pièce « de musée » des créateurs actuels, le vêtement s’associe à celui qui le porte. Célébrité ou anonyme, chacun a une histoire.
Jalonnée d’anecdotes tendres et drôles, l’exposition remet en contexte chaque vêtement, accessoire et soulier. Quelques habits ayant appartenu à l’enfant qui deviendra Louis XVII reposent dans des coffrets sombres : un vêtement de taffetas de soie rose, costume dit « à la matelot » car inspiré de l’uniforme des marins irlandais et écossais, semble avoir été quitté à l’instant. Un autre petit habit, ayant appartenu à Louis-Napoléon, fils de Napoléon Bonaparte, une blouse normande de taffetas de soie bleu roi, flotte dans les airs. Il évoque le sort tragique du jeune homme, assassiné à l’âge de 23 ans. Plus loin, on découvre un sublimissime manchon de la Princesse Mathilde fait de plume de paon, de lophophore et d’hermine, un corset de Marie-Antoinette, un costume de la garde royale... autant de détails d’Histoire portés.
A gauche : Robe parée portée par l'impératrice Joséphine (1863-1814), vers 1805 Mousseline de coton, broderies blanches à motifs végétaux Collection Palais Galliera - © Eric Poitevin/ADAGP, Paris 2016 - Au centre : Robe Audrey Hepburn, Givenchy 1966 © Eric Poitevin - A droite : Robe dite 'Seins obus', JP Gaultier A-H 1984-85 © Eric Poitevin
Vêtement-souvenir, vêtement légende
Qu’ils aient appartenu à d’illustres personnages, ces vêtements puisent leur légitimité dans le soin apporté à l’apparence. Des silhouettes qui prennent vie dans la légende que leurs possesseurs véhiculent, des vêtements qui défient la mort. Des bonnets phrygiens qui ont fait la Révolution, une robe du jour de Georges Sand, des accessoires et créations de Paul Poiret, de Schiaparelli : chacun y va de son tracé célèbre. Dans une petite alcôve, on découvre les tenues des célébrités extravagantes du début du XXème. Quelques pièces ayant été portées par Sarah Bernard sont présentées, des pièces incroyables faites d’amoncellement de fourrure, de pierres et de bijoux. Une tenue du soir bleu nuit de Mistinguette, recouverte de paillettes et de broderies argentées ; trône, un corsage de robe de Cléo de Mérode, toutes manches gigots dehors, offre une époustouflante soierie. Ces célébrités dont toutes s’inspiraient ont fait la mode d’hier et continuent d'inspirer les temps présents. Anna Gould et Audrey Hepburn, Brigitte Bardot et la duchesse de Widsor, ont toutes laissées dans le sillage de leur vie, une légende vêtue d'élégance.
A gauche : 14. Robe Duchessse de Windsor, Dior par Marc Bohan 1972 © Eric Poitevin - A droite : Chapeau-chaussure Gala, Schiaparelli Hiver 1937-38 © Eric Poitevin
L’habit a rythmé et rythme encore ce que nous sommes. Des créateurs comme Jean-Paul Gauthier, Jean de Castelbajac, Margiéla qui ont essayé de pousser les limites de la mode, nous forcent à trouver, par rapports de projections conscientes ou inconscientes notre identité. Une exposition qui parle de qui nous sommes, par le vêtement que nous portons.
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