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A la Monnaie de Paris, Bertrand Lavier remercie Raymond Hains

28 juin 2016, par Untitled Magazine

Jusqu’au 17 juillet, la Monnaie de Paris propose une conversation entre deux artistes contemporain proche l’un de l’autre. Bertrand Lavier rend un hommage rayonnant à son ami disparu, Raymond Hains.

La Monnaie de Paris a ouvert ses frappes monétaires à l’art contemporain il y a deux ans à peine. De chacune de ses collaborations naît une mise en espace en phase avec les lieux, une appropriation de l’environnement. C’est Bertrand Lavier (1949) qui se prend aujourd’hui au jeu. Imaginant une conversation avec un artiste qu’il admirait, trouvant des points d’encrage entre son travail et le sien, il témoigne son ravissement à Raymond Hains (1926-2005), figure éminente du Nouveau Réalisme.

PicMonkey Collage Vue d'exposition, Monnaie de Paris - Courtesy de l'artiste

Adieu au langage

Ce qui unit les deux artistes est sans conteste leur amour des mots, leur propension à faire des connexions aussi brillantes que farfelus entre les termes et leurs significations. Bertrand Lavier mêle sa propre création au travail de Raymond Heins. Ce dernier a travaillé les notions de perception, favorisant la sienne au profit de toutes les autres. Il utilisait le verre cannelé pour déformer la vision de tout un chacun, biaisant ce qui était pour en donner une nouvelle définition.

Dans le vestibule, deux œuvres de Lavier se font face. A gauche une forme rouge, que l’on identifie sans mal à la bouche pulpeuse de Mae West qu’a matérialisé Dali en Lips Sofa. Bouche posée sur un congélateur, cette œuvre évoque le ready made, la transformation, la réutilisation pour un propos nouveau. Chaud sur froid, place de l’art dans les foyers, les interprétations sont, comme tout au long de l’exposition, multiples et à double sens. A droite, une abstraction jaune renvoie à un dessin trouvé dans Le journal de Mickey. Dans cet exemplaire, Mickey et Minnie partent découvrir l’art contemporain. Ils vont voir l’exposition "Des traits très abstraits". Se pose alors la question de l’abstraction, de la pédagogie, de l’appréhension de l’art (les deux souris découvraient avec stupéfaction comment le processus créateur de l’artiste abstrait se mettait en place). Ces deux monochromes sont floutés par des plaques de verre cannelé ce qui ajoute une difficulté d’interprétation supplémentaire. En plus de références précises, l’utilisation du verre brouille les regards. Bertrand Lavier pose les choses, dès le départ, et en vient à questionner fondamentalement la question de l’appropriation de l’art contemporain, connexions formidables.

5 Salle Dupré, Bertrand Lavier, Dolly, 1993, Collection FRAC Nord-pas-de-Calis, Photographe André Morin (détails)

Des renvois multiples et infinis

Ces liens, Bertrand Lavier les exploite de fond en comble et en fait surgir de profonds questionnements. De l’image du cercle, il s’identifie tour à tour à Giotto ou à l’âne ayant peint Et le soleil s’endormit sur l’Adriatique (fameux canular sur la critique d’art du début du XXème siècle) ; il met en lien le Z de Zorro, trace mondialement connu et l’impact de Stella, de Fontana et de Maurizio Cattalan sur l’histoire de la peinture ; il fait de l’art un théâtre de couleurs, reprenant la toile d’une montgolfière et jouant sur l’idée de peinture sur toile ; il repeint sur ce qui est déjà peint, ajoutant ce qu’il appelle « la touche Van Gogh » et interpelle la notion d’objet d’art, d’aura, d’appartenance ; il interroge la notion même d’exposition en faisant une salle de « ski » où il place une œuvre de Raymond Hains, une Palissade de skis, avec pléthore d’artistes dont le nom termine par « ski » : Kandinsky, Claude Closky, Boltanski, Kowalski… les connexions n’arrêtent pas, et c’est tout simplement jouissif.

PicMonkey Collage Vue d'exposition, Monnaie de Paris - Courtesy de l'artiste

Merci Raymond témoigne de l’inventivité, de l’ingéniosité que peuvent avoir les artistes, mais aussi de l’intérêt qu’ils portent à l’Histoire de l’Art qu’ils perpétuent. Si les œuvres exposées demandent une certaine maîtrise du travail des deux plasticiens, elles poussent à penser la notion d’art et remettent en question des siècles de création.

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Merci Raymond par Bertrand Lavier -jusqu'au 17 juillet
Monnaie de Paris
11 quai de Conti, 75006 Paris
 


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