Elisabeth Bouchaud, directrice du théâtre de la Reine Blanche, comédienne, auteur et... physicienne spécialiste des propriétés mécaniques des matériaux. Un profil pas banal, en somme. Sa double casquette lui permet ainsi de projeter l'univers hermétique de la science sous les feux de la rampe en programmant des spectacles le plus souvent dédiés aux questions scientifiques. Un beau projet qui met à bas le clivage traditionnel et très français entre la science et les arts.
Mais pas pour cette fois. Et c'est dommage. Dans cette pièce de et avec Elisabeth Bouchaud, la comédienne semble intégrer des éléments de sa vie en les mêlant à la fiction. Elle y campe le personnage de Rose Berg qui n'a plus l'âge des auditions de soprano. Pourtant, elle mène de front sa carrière scientifique à celle de chanteuse, seule et sans enfant, se battant pour être indépendante au cœur d'une époque et dans un domaine d'étude où les femmes libres n'ont pas leur place. Face à elle, Marguerite de Vence, chanteuse talentueuse de moins de vingt ans voit sa carrière se dessiner devant elle. Rien à voir avec la Marguerite de Xavier Giannolli multi récompensée aux Césars dont les cordes vocales n'ont jamais pu sortir une note juste.
Quelques jours avant la grande audition, l'intrigue suit les deux amies aux relations houleuses. Voix contre voie, l'angoisse des répétitions entraînent tensions et crises. Les accalmies seront l'occasion de se confier sur leurs déboires respectifs et leurs craintes en affrontant le passé à coup de chansonnettes libératrices. Si le texte n'était pas totalement plat, il pourrait être intéressant. Malheureusement, les scènes se répètent sans évolution s'articulant autour de longs passages monologués qui ne parviennent pas à nous toucher. Quant aux chants, ils sont un moindre réconfort. La mise en scène trahit elle-même une volonté de bien faire : costumes d'époque et meubles assez laids rappelant vaguement les années 30. Mystère et boule de gomme sur ce grand miroir qui trône au milieu de la scène, non seulement inutile mais en plus soumis aux courants d'air, il bouge tout le temps ce qui dissipe à maintes reprises le regard du spectateur en perte d'attention. On plaint le pauvre sanglier dont la tête empaillée incarne le nouveau décor de la loge de Marguerite devenue célèbre. Sans toutefois sombrer dans la médiocrité, A conte-voix n'éveille pas grand intérêt ni réjouissance sonore.
Théâtre de la Reine Blanche
Texte d'Elisabeth Bouchaud, Avec Clara Schmidt et Elisabeth Bouchaud Mise en scène de Nathalie Martinez Les mercredis et vendredis à 21h Les dimanches à 17h Jusqu'au 20 mars