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La « pochothèque » mensuelle de la rédaction #34

23 février 2024, par Untitled Magazine

La fin de mois est difficile et vous ne pouvez pas vous offrir les livres de la dernière rentrée littéraire ? Pas d’inquiétude, la rédaction d’Untitled Magazine a pensé à vous et vous a concocté une sélection de livres à petit prix mais de grande qualité !

Sortir au jour, Amandine Dhée

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Des réflexions sur la vie et sur la mort traversent le dernier roman d’Amandine Dhée au cours d'une discussion avec Gabriele, thanatopractrice, qui témoigne de son métier et des réactions qu'elle récolte à sa mention.

Deux voix s'alternent dans Sortir au jour et nous plongent dans les réalités de deux femmes qui tentent de prendre leur place. Toutes deux sont en quête de sens, dans des métiers qui leur demandent respectivement une forte implication et qui interrogent leurs rapports aux autres. Si la mort est particulièrement présente dans le quotidien de Gabriele, c'est son rapport aux vivants et au respect des corps qui passent entre ses mains qu'elle exprime le mieux.

Questions de transmission générationnelle et de passage entre la vie et la mort, ce récit intime et sensible d’Amandine Dhée est une ode aux femmes et à l’existence.

Critique rédigée par Mathilde Ciulla

"Sortir au jour", Amandine Dhée, Editions Points, 160 pages, 5,90 €

Le mage du Kremlin, Giuliano da Empoli

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Le roman débute lors d’une mystérieuse rencontre entre le narrateur et Baranov et alors que tous deux ont une passion commune pour l’écrivain dissident Evgeni Zamiatine. Retiré de la politique, Baranov l’invite dans sa datcha reculée et durant une nuit lui conte son passé. D’abord metteur en scène, producteur d’émission de télé-réalité puis éminence grise de Poutine, qui était celui qu’on surnomme Le Mage du Kremlin ? Qui était réellement celui qui pouvait susurrer à l’oreille du Tsar ?

En s’inspirant d’un personnage réel, Vladimir Sourkov, et rebaptisé Vadim Baranov, Giuliano da Empoli s’inspire de ce personnage de l’ombre qui a passé quinze ans au service de Poutine et nous embarque avec lui dans les coulisses du pouvoir russe. De la fin des années Eltsine au début de la guerre en Ukraine, en passant par les JO de Sotchi, la guerre en Crimée ou encore la crise tchètchène, celui qui fut affectueusement baptisé Vadia, nous raconte l’incroyable parcours de ce chef du FSB d’abord Premier ministre avant de devenir Tsar. 

Jonglant entre fiction et essai, l’auteur livre un éclairage glaçant sur le président russe, sa personnalité cynique, son fonctionnement et ses décisions, et surtout sur les faits qui ont indéniablement mené à l’annexion de la Crimée et vers la guerre en Ukraine. En usant parfois d’une pointe d’humour, Giuliano di Empoli propose - à travers le prisme de la Russie - une analyse détaillée sur les arcanes et les mécanismes de la politique.

Critique rédigée par Marie Heckenbenner

"Le mage du Kremlin", Giuliano da Empoli, Editions Folio, 320 pages, 8,90 €

L'Hôtel du Cygne, Zhang Yueran

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Plongée déconcertante dans la vie du personnel de maison d'une famille très riche chinoise, L'hôtel du cygne est un roman sensible qui offre une photographie fascinante des disparités sociales en Chine.

Yu Ling est la nounou de Dada, l'enfant unique d'un couple chinois de la jet-set. On ne suit au début que la nounou et le garçon qui partent pour ce qui semble être une balade dans un lac proche de la maison de la famille et qui s'avère finalement être… un kidnapping ! Mais les plans de la jeune femme sont déroutés quand ils apprennent à la radio que le grand-père de Dada, membre haut place du parti communiste chinois, a été arrêté et que les parents ne sont pas joignables.

Alors que la jeune femme doit prendre une décision sur que faire de l'enfant maintenant qu'il apparaît clair qu’elle ne recevra jamais d'argent de ses parents qui ne seront pas en mesure de payer de rançon, l’autrice dissemine des reflexions sur le monde dans lequel la famille de Dada évolue, sur les conditions de travail de la nounou et plus largement sur les très fortes inégalités sociales qui règnent sur la Chine et sur la place des femmes dans cette société.

Une forme de thriller social dans lequel on retrouve certains traits qui nous avaient fascinés et dérangés dans le film à succès Parasite… A lire d'une traite !

Critique rédigée par Mathilde Ciulla

"L'Hôtel du Cygne", Zhang Yueran, traduit du chinois par Lucie Modde, Editions Zulma, 128 pages, 8,95 €

Et la vague les emporta, Molly Keane

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Lady Charlotte vit en reine dans son domaine de Garonlea, dans les tréfonds de l'Irlande, maîtresse absolue de son domaine, elle mène à la baguette et dans une ambiance des plus austère. Elle tyranise de façon systémique ses 4 filles - Muriel, Violet, Enid et Diana - tandis qu'elle dirige son fils Desmond, qui n'ose lui désobéir, jusqu'à la rencontre avec son épouse, Cynthia, qui va lever le tapis de poussière qui règne sur le domaine : mais à quel prix ? 

Ce roman s'adresse aux fans de Downton Abbey ou bien de la saga des Cazalets, une plongée dans l'aristocratie irlandaise et dans une famille des plus singulière. Molly Keane sait de quoi elle parle car ce sont ses pairs qu'elle analyse dans ce roman, elle dresse un état des lieux de la société artistocrate irlandaise vieillissante et qui se décrépit à l'image du domaine de Garonlea. 

Dans son roman, on suit la vie de la famille de Lady Charlotte, chaque personnage est passé au crible ainsi que les relations qui les lient les uns aux autres, de l'histoire d'amour de Desmond à Cynthia, aux liens qui unissent cette dernière avec la plus jeune des soeurs, Diana, qui restera jusqu'au bout dans son giron. A la manière d'un arbre généalogique, elle nous apprend aussi le sort des autres soeurs, à qui la vie fait moins de cadeaux, les amours contrariés d'Enid et "cette pauvre Muriel" finissant vieille fille. 

Et la vague l'emporta... documente la vie et la chute des McGrath, en instiguant dans la vie de tous les personnages de la famille. 

Critique rédigée par Mathilde Jarrossay

"Et la vague les emporta", Molly Keane, traduit de l'anglais par Frédérique Daber, Editions La Table Ronde, 416 pages, 8,90 €

Consolée, Beata Umubyeyi Mairesse

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Rwanda-Urundi, 1954. La jeune Consolée, est arrachée à sa mère à l’âge de sept ans et envoyée dans un orphelinat à Save. C’est ici que tous les mulâtres et mulâtresses sont accueillis pour être civilisés. 2019, en plein cœur du Sud-Ouest de la France, Ramata, cinquantenaire sénégalaise et en pleine reconversion professionnelle effectue un stage dans un EHPAD. Elle y fait la rencontre d’Astrid Papaïliaki, une pensionnaire atteinte de la maladie d’Alzheimer qui peine à parler français, mais communique dans une autre langue. Rapidement, elle finit par avouer qu’elle n’a de belge que son nom et son prénom, et qu’elle est en réalité l’une des enfants métis expatriés en Belgique peu avant la décolonisation.

Aux côtés d’Astrida-Consolée, la romancière Beata Umubyeyi Mairesse embarque le lecteur à la découverte de la destinée des enfants métis au Rwanda et lève le voile sur ces enfants enlevés dans les années 50-70 par les autorités coloniales belges. Des milliers d’enfants métis issus d’unions entre hommes blancs et femmes noires furent volés et arrachés à leurs mères pour être enfermés dans des missions religieuses au sein desquelles ils devaient renier leurs racines et leurs origines. Ils furent ensuite rapatriés en Belgique, où beaucoup d’entre eux, faute d’une mise sous tutelle, vécurent une vie pleine de misère.

En alternant habilement entre les temporalités, les histoires et les voix d’Astrida-Consolée et de Ramata, la romancière signe un roman poignant sur l’immigration, l’exil, le colonialisme, le racisme mais aussi sur la mémoire. En confrontant le vécu de deux personnages à des époques différentes, elle aborde les douloureuses questions de l’identité, des racines et de l’appartenance culturelle. Un roman bouleversant qui révèle un scandale encore trop peu connu !

Critique rédigée par Marie Heckenbenner

"Consolée", Beata Umubyeyi Mairesse, Editions J'ai Lu, 352 pages, 8,10 €

La Femme qui tremble, Siri Hustvedt

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La psychologie a toujours été présente dans les romans de Siri Hustdvet et La Femme qui tremble ne fait pas exception, à la différence que dans cet essai, il ne s’agit pas de personnages de fiction, mais bien de son histoire personnelle, et, entre autres, de celle de ses nerfs.

Docteure en littérature anglaise et chargée de cours en psychiatrie, Siri Hustvedt fait de son cas une étude clinique, académique et littéraire, mêlant ses propres réflexions à celles de professionnels de santé. C’est un condensé de recherches neurologiques, psychiatriques et scientifiques, mêlées à la littérature et le récit de sa propre expérience. En effet, en 2005, lorsque son père disparu est mentionné pendant une conférence, l’auteure est prise de tremblements incontrôlables. Une crise dont elle se sent spectatrice car son raisonnement et sa capacité de s’exprimer, eux, restent intacts. Seul son corps tremble. De manière incontrôlée. Des tremblements qui se manifestent pour transmettre un message, mais lequel ? Les crises se répètent, et devant cette femme qui tremble, Siri Hustvedt entreprend de rencontrer son Döppelganger qui l’habite.

La folie, le dédoublement, la dépersonnalisation, les angoisses et les maladies mentales sont des sujets présents dans la sphère littéraire, et l’auteur s’en sert pour illustrer et appuyer ses arguments concernant son diagnostic. A travers ce rapprochement entre littérature et psychiatrie, Siri Hustvedt réalise une étude sur les affres de l’être humain, sur la partie invisible de notre psyché et les mystères qui l’entourent, sur ce qui est difficile d’expliquer, la division, la scission de l’esprit et cet Autre à la fois invisible, omniprésent et oppressant, sur ce “Je [qui] est un autre” (Rimbaud).

Critique rédigée par Laurence Lesager

"La Femme qui tremble", Siri Hustvedt, traduit par Christine Le Boeuf, Editions Babel 288 pages, 8,50 €

Ils sont également en poche :

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