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The Handmaid’s tale : une dystopie pétrifiante

1 août 2017, par Untitled Magazine

Sorti en 1985, le roman de Margaret Atwood, La Servante écarlate, raconte l’histoire de jeunes femmes anciennement libres qui, livrées à leurs maîtres, deviennent de véritables esclaves sexuelles. Vue pour la première fois en avril 2017 sur la chaîne OSC, la série The Handmaid’s tale, tirée de ce roman est une réalisation de Bruce Muller.

Gilead. C’est le nom du nouveau régime qui a succédé à la République des États-Unis d’Amérique. Dans une société très éloignée de celle que nous connaissons aujourd’hui, des milliers de femmes, servantes, sont prisonnières. Alors qu’il est devenu très dur d’avoir des enfants, ces femmes ont été choisies car elles étaient fertiles. Forcées de vivre avec leurs deux maîtres, un Commandant et son Épouse, leur rôle est d’enfanter pour ce couple “supérieur”, incapable de donner la vie. Dans un petit monde bien rôdé d’où il paraît impossible de s’évader et coupées de tout contact avec l’extérieur, ces écarlates sont forcées, chaque mois, au rapport sexuel avec leur Commandant.

Droits bafoués, esclavagisme, torture, humiliations, la série est une dystopie qui met en avant une société de non droit. Si aucun repère temporel n’est indiqué, c’est dans un futur proche voire très proche que se déroule l’histoire. Des flash back à tous les épisodes permettent au fur et à mesure, de comprendre comment une telle dictature a, petit à petit, pu se mettre en place. Interdiction d’avoir un compte bancaire, puis interdiction de travailler, interdiction de manifester, puis de lire. C’est un crescendo qui semble ne plus s’arrêter et engloutit peu à peu la démocratie.

Un lien à l’actualité qui laisse coi

Ce qui est si glaçant et pétrifiant dans la série est d’une part, certes, les violences physiques et mentales infligées à ces femmes victimes de leur stérilité mais également, et surtout, les liens avec l’actualité que le spectateur ne peut s’empêcher de faire. Au fil des épisodes, le spectateur ne peut s’empêcher de se demander comment les États-Unis en sont arrivés à un tel point. Pourtant, à aucun moment un coup d’état ou une prise de pouvoir illégale sont évoqués. La dictature semble être apparue légalement.  La loi a été modifié par des élus.

Dans un contexte international actuel plus que tendu où le président des États-Unis multiplie attaques et offenses à l’égard des femmes, et où certains membres du gouvernement de la première puissance mondiale soutiennent la théorie de l’évolution, la série tombe à pic. The Handmaid’s tale, collée à l’actualité, a un tout autre écho, strident. Le scénario effrayant nous rappelle que la démocratie n’est jamais acquise et qu’il n’est pas inutile de continuer de se battre pour défendre nos libertés et nos droits.

À l’heure où, quand l’extrémisme religieux fait apparition dans un débat c’est pour être presque automatiquement relié à l’islam, la série dévoile ce que pourrait être une société régie par des extrémistes catholiques, fervent serviteurs d’un Dieu tout puissant. Inutiles car incapable de se reproduire, homosexuels, transexuels, femmes infertiles - à l’exception de celles appartenant à la classe supérieur - sont torturés, humiliés, voire battus à mort. Loin d’être fictifs, Orban, Erdogan, Kadirov ou autres Poutine font irruption dans nos esprits quand de telles humiliations sont perpétrées à Gilead.

© Hulu

Puissante mise en scène

Si l’histoire est déjà percutante, les situations, couleurs et autres plans sont minutieusement choisis. Dans un décor où tout est à sa place, calibré et mesuré, la fantaisie n’a pas sa place. C’est toujours vêtus de la même manière, jour après jour, qu’apparaissent les acteurs, servantes, soldats, Épouses et Commandant.

Si la majorité des couleurs est sombre, le blanc est aussi très présent. Du blanc qui rappelle l’hôpital. Un hôpital inhumain digne d’une dictature où les sujets subissent tortures et lavages de cerveau. Sur ce fond blanc, l’unique couleur qui tranche vraiment est le rouge, celui des servantes écarlates.

Chaque détail est donc pensé et cela donne une série… plus que réussie ! Les gros plans répétés sur les acteurs transmettent à peu près toutes les émotions qui vont prendront aux tripes. The Handmaid’s tale réveille notre sens critique et nous amène à réfléchir sur certaines thématiques qui régissent notre société aujourd’hui, les droits des femmes et la religion tout particulièrement. Chaque fin d’épisode est suivi d’un violent désir d’appuyer sur le bouton “play” de l’épisode suivant et c’est avec grande impatience qu’on attend la saison 2, prévue en avril prochain.




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