La fin de mois est difficile et vous ne pouvez pas vous offrir les livres de la dernière rentrée littéraire ? Pas d’inquiétude, la rédaction d’Untitled Magazine a pensé à vous et vous a concocté une sélection de livres à petit prix mais de grande qualité !
Térébenthine, Carole Fives
Luc, Lucie et la narratrice entrent à la prestigieuse académie des Beaux Arts. Ils sont tous les 3 les seuls à vouloir faire de la peinture. Pour les représentants du monde de l’art, la peinture est morte, vive la peinture. Embourbée dans une école qui ne veut pas vraiment laisser place à son art et à sa créativité, la jeune narratrice découvre la vie étudiante et la dure réalité du monde de l’art.
Caroles Fives, elle-même diplômée de l’école des Beaux Arts, livre sa version, crue parfois, de cette école et de ce que le monde de l’art fait aux jeunes artistes. Elle représente les étudiants qu’on décourage mais aussi les perspectives de la vie d’artiste, leurs illusions et surtout leurs désillusions. Térébenthine immerge le lecteur dans le monde de la création, dans le monde de l’art et dans les sous-sols abandonnées d’une école d’art.
Un roman pour ceux qui ont fait les frais du monde de l’art, pour ceux qui croient en la peinture ou bien encore pour les jeunes artistes en manque d’inspiration.
« Térébenthine », Carole Fives, Edition Folio, 208 pages, 7,60 €
Glory, Elizabeth Wetmore
14 février 1974. A Odessa, ville pétrolière à l’ouest du Texas, Gloria Ramirez, mexicaine, quatorze ans, vient de subir un crime brutal. Et lorsque son bourreau s’endort enfin, elle trouve la force de s’enfuir et atterrit, ensanglantée, à la porte de la ferme de Mary-Rose. Courageuse, cette mère au foyer prend la défense de la jeune fille, d’abord en pointant son fusil sur son assaillant qui la poursuit puis au tribunal, où elle accepte de témoigner. Mais dans ce sud ségrégationniste, il n’est pas rare que la justice soit faite dans les bars et dans les églises avant de passer devant un tribunal.
Dans ce premier roman, Elizabeth Wetmore a choisi le terrible sujet d’une agression sexuelle dans un Etat où les femmes sont laissées pour compte. Au fil des pages, elle donne la parole à toutes ces femmes liées de près ou de loin à cette affaire. Gloria, Mary-Rose mais aussi Corinne, Debra Ann, Karla… Comment survivre dans un monde fait par et pour les hommes où la destinée d’une fille est de tombée enceinte à 16 ans et de se marier à 17 ans. Jeunes, retraitées, mères de famille, elles vont toutes se relayer pour dénoncer les violences faites aux femmes, le racisme et le patriarcat.
En donnant la parole aux femmes d’Odessa, l’autrice livre un récit saisissant dans lequel elle dresse le portrait du Texas des années 70, rongé et défiguré par la fièvre du pétrole.
« Glory », Elizabeth Wetmore (traduit par Emmanuelle Aronson), Edition Pocket, 368 pages, 7,70 €
Croc fendu, Tanya Tagaq
Suiza, Bénédicte Belpois
Suiza, jeune femme solaire, débarque un beau jour dans un village espagnol, transportant une lourde charge de souffrance passée. Jugée idiote, ses origines françaises et sa difficulté à s’exprimer en espagnol, ne l’aident pas à s’intégrer. Hébergée par le cafetier du village, elle devra en plus de l’aider se plier à des services en nature. Jusqu’au jour où Tomas la voit pour la première fois, c’est un monde qui s’arrête. Fou d’elle, il décidera qu’elle sera sienne coûte que coûte. Mais si le contact est froid et les premiers échanges difficiles, c’est aux prémices d’un amour passionnel qu’on assiste. Ils s’apprivoisent, apprennent l’un de l’autre, interprètent malgré des langues différentes.
Premier roman de Bénédicte Belpois, Suiza prend la forme d’une confession, celle d’un homme – le plus riche du village – souffrant et d’une jeune femme sensible et craintive, qui finira par aboutir à un véritable amour. Autour d’eux, une galerie de personnages gravitent, tout aussi savoureux que tourmentés par un passé douloureux. Un roman savoureux et saisissant, dans un monde où les hommes se retrouvent au café et les femmes pleurent leur misère, l’amour est encore possible.
De parcourir le monde et d’y rôder, Grégory Le Floch
Un jour, le narrateur trouve par terre dans la rue une « chose » qui tout de suite le fascine tout entier et dont il décide de ne plus jamais se séparer. Incapable de savoir ce qu’est cette chose, il se laisse pourtant guider par elle, la montre à chaque personne qu’il croise : tous y vont de leur supposition quant à sa nature et à son utilité. La chose le mènera des rues de Vienne à celle de New York, au fil des rencontres qu’il fera.
De sa plume déjantée mais toujours précise, Grégory Le Floch nous entraîne à la suite de cet homme, dont la rationalité paraît souvent ne pas être la même que la nôtre, qui est pris d’envies de violence, mais qui se laisse porter par le destin et se noue avec toutes sortes de personnages au fil de ses pérégrinations. Sans jamais douter qu’il trouvera la signification de cette chose qui est entrée en sa possession pour une raison, le narrateur nous fait traverser des émotions bien différentes alors qu’il se retrouve emporté par une manifestation dans les rues de Vienne ou bien en plein milieu de fêtes juives, ou encore entourés d’une troupe de théâtre bien étrange.
Un roman fascinant et quelque fois un peu dérangeant qu’on n’a toutefois jamais envie de poser.
« De parcourir le monde et d’y rôder », Grégory Le Floch, Editions Points, 264 pages, 7,40 €
Avec vue sur l’Arno, EM Forster
